La recette du bonheur, Elsa l'avait frôlée du bout des doigts et elle y avait même goûté durant un certain temps... Mais ça, c'était avant qu'elle ne prenne un tournant qui allait changer sa vie...
Née en France, Elsa menait sa petite vie tranquille au fin fond des Alpes. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que la jeune louve a vraisemblablement changé. Dans sa tendre enfance, Elsa était une mignonne et joyeuse petite fille, dont on percevait toujours le rire cristallin et chaleureux.
Fille unique d'un jeune couple, on pouvait dire que la gamine, elle était drôlement gâtée, autant en cadeau qu'en amour. Tout semblait parfait et cette petite famille filait un véritable conte de fée.
Tout moins, jusqu'à ce jour.
Un mois de décembre comme les autres, la neige avait recouvert l'horizon de son voile immaculé.
Elsa avait toujours était fascinée par la neige, et c'est collée à la vitre de la voiture qu'elle sentit le véhicule quitter la route.
L'accident était inévitable et la panique fut totale.
Sa petite voix appelait, et personne ne répondait. Ni son père, ni sa mère. Son cœur se resserra un instant, battant à vive allure, pétrifiée par la peur. Elle appela de nouveau, mais personne ne répondit. Elle n'obtint jamais de réponse.
C'est ainsi donc qu'Elsa devint une petite orpheline âgée de seulement sept ans. La logique des choses aurait voulu qu'elle se soit réfugiée auprès des siens, de sa famille, mais puisque rien n'avait plus de logique... Elsa trouva refuge ailleurs.
Suite à l'accident, la gamine s'était réveillée à quatre pattes et beaucoup trop poilue pour être humaine. Prenant peu à peu conscience de sa nature animale, Elsa resta longtemps près de la voiture accidentée, non loin de ses parents qui ne répondaient pas à ses coups de museau et encore moins à ses chouinements.
La petite louve était complètement perdue et surtout abandonnée à son propre sort. Personne ne pourrait la reconnaître ou bien même la sauver de cette nouvelle prison de chair.
Apeurée par l'arrivée des secours, la jeune fille décida de prendre ses jambes à son cou, s'enfonçant péniblement dans la forêt. Une fuite aussi inutile que stupide, qui la guiderait simplement à sa perte.
Terrifiée et égarée au beau milieu des bois, la petite boule de poil poursuivait son chemin, attentive à chaque bruit qu'elle percevait et à chaque mouvement qu'elle discernait. Elle découvrait un nouveau monde sous des aspects purement sauvages, complètement immergée dans sa peau de louve.
Des minutes, puis des heures passèrent, sans qu'elle puisse trouver de solution à son problème. Le soleil au loin commençait à décliner lorsque ses pas l'amenèrent droit sur une petite grotte. Ce n'était pas bien grand, mais c'était suffisant pour s'y réfugier pour la nuit.
Elsa s'enroula sur elle-même, espérant intérieurement que demain, elle serait de nouveau une petite fille et qu'elle pourrait retrouver les siens.
À son réveil, Elsa constata avec désolation qu'elle était toujours sous sa transformation complète... Son père lui avait toujours dit qu'elle y parviendrait un jour ou l'autre, mais elle aurait largement préféré qu'il soit là pour la voir...
Immobile, la louve « pleurait » la perte des siens et le vide qu'ils avaient laissé en elle semblait être un puits sans fond. Elle se pensait définitivement perdue, lorsqu'une truffe humide vint lui chatouiller l'oreille.
Redressant la tête, Elsa tomba nez à nez avec une véritable louve qui semblait compatir à sa peine... C'était étrange. Cette connexion, ce lien qui venait de se créer c'était tout bonnement incroyable. Subitement, une lueur d'espoir subsista en elle... Elle n'était plus seule. Quelqu'un était là pour elle.
C'est ainsi qu'Elsa se retrouva à arpenter les montagnes, recueillie pas une meute de loups sauvages. Ses débuts furent compliqués et contrairement à ce que l'on pourrait croire, les loups n'avaient absolument aucune pitié à claquer des dents si les louveteaux étaient trop lents. C'était la loi de la nature, soit tu crèves, soit tu marches. Et Elsa avait décidé de marcher.
Des mois passèrent, renforçant la louve qu'elle était devenue et qu'elle restait d'être. Son endurance n'était plus à faire, ses sens n'étaient plus à affûter et sa place dans la meute n'était plus à discuter. En revanche, son éducation était tout à refaire, Elsa ne pensait plus comme la petite fille qu'elle était réellement au fond d'elle, elle pensait uniquement comme une louve... Ou plutôt comme une prédatrice qui détestait être prise pour proie.
Les années défilèrent, les unes après les autres et la vie continuait pour la jeune fille. Et alors qu'elle se prélassait dans les bois, suivant la meute, son attention fut attirée vers une douce et triste mélodie. N'en restant pas moins humaine dans l'âme, Elsa se laissa guider par la curiosité et par les notes harmonieuses qu'elle percevait.
Et c'est sans grande surprise que son regard émeraude retomba sur cette fenêtre grande ouverte, fixant longuement le jeune garçon qui faisait habilement chanter son violon.
Elsa semblait comme ensorcelée, son regard ne parvenait pas à se détacher de sa silhouette et lorsque la mélodie s'éteignit Elsa n'osa plus bouger... Jusqu'à ce que leurs regards se croisent.
Il avait l'air surpris, et il y avait de quoi l'être.
Après avoir pris la fuite pour retrouver les siens, Elsa revint régulièrement rendre visite à ce jeune musicien qui l'enchantait par ses mélodies. Il avait l'air fasciné par la louve, tellement fasciné qu'il ouvrait même sa fenêtre en hiver alors que la neige tombait à gros flocons. Il n'y avait jamais eu de limite à la bêtise humaine et Elsa ne comptait plus le nombre de fois où elle avait entendu les cris de sa mère fendre l'air ou bien les remontrances de son père venir lui chatouiller les tympans.
Jusqu'au jour où la fenêtre resta close.
Intriguée et... Inquiète ? Elsa se dressa contre le mur, collant son museau à la fenêtre de la chambre, chouinant un peu. Son regard perçu un mouvement vers le lit, il était fourré sous les couvertures... Ce n'était pas si surprenant après tout, à force d'ouvrir cette foutue fenêtre tous les soirs, il avait fini par se chopper une bonne grosse grippe... Comme un appel, Elsa hurla comme elle savait si bien le faire, achevant de réveiller le garçon qui s'empressa de regarder à travers le carreau de sa fenêtre. C'était étrange, mais Elsa n'avait jamais vu un homme sourire autant à un loup, elle qui n'avait côtoyé que les chasseurs, il était surprenant de tomber sur un être humain capable d'amour envers les loups. Sa queue remua d'elle-même, et ses oreilles se dressèrent fièrement sur sa tête, c'était sa façon à elle de lui prouver qu'elle l'aimait bien aussi. C'est ainsi qu'une amitié venait de naître entre un homme et une demi-louve.
Elsa continua de venir rendre visite à son ami, il n'avait rien d'un loup et pourtant il faisait en quelque sorte parti de sa propre meute.
L'été vint rapidement ce qui permit au jeune Robin de sortir plus librement, constamment à la recherche d'Elsa. Il l'avait nommé Luna, pour des raisons qui échappait complètement à la louve, qu'importe, elle répondait toujours à son appel.
Il avait fallu du temps, avant que la louve n'accepte de se laisser toucher, elle restait sauvage dans le fond et ce, bien en dépit de sa nature humaine qu'elle laissait parler à ses côtés.
Faisant continuellement chanter son violon, la louve devenait un peu plus humaine à son contact, se détachant progressivement de sa meute, l'image de ses parents s'imposa à elle, et finalement, à la surprise générale. Elsa retrouva sa forme humaine.
Robin la scruta un instant, sans voix, de son côté, Elsa n'en revenait pas. Elle redécouvrait ses mains, ses cheveux et cette drôle de sensation que d'être humaine.
Retrouvée 5 ans après sa disparation, l'affaire Elsa Black fut étouffée par ses proches, avec la complicité de la famille de Robin ainsi que celle des autorités locales. On ne pouvait pas décemment crier haut et fort qu'on avait retrouvé la petite Elsa au milieu des bois, vivant avec des loups...
Maintenant âgée de 12 ans, Elsa se devait de réapprendre à vivre comme un humain, elle qui s'était complètement abandonnée à l'époque... Certaines choses revinrent extrêmement vite, mais il y avait quelque chose qu'Elsa avait définitivement perdu dans cet accident. Son premier souffle de vie. Elsa réagissait, mais pas l'ombre d'un sentiment, elle agissait comme avec les loups. Elle n'avait plus la notion de l'amour, à peine celle de l'amitié et c'est là-dessus qu'Elsa allait devoir tout reconstruire.
Elsa suivit des cours à domicile, cinq années de manquées ça faisait gros mine de rien. En dehors des cours, elle passait tout son temps chez Robin à l'écouter jouer de son violon et à apprendre le piano. Car son ami n'avait pas qu'un seul talent musical et lui apprendre à jouer au piano lui tenait particulièrement à cœur.
Les années passèrent sans que jamais ils ne se séparent. Elsa s'était découvert un don en informatique et Robin était sans surprise devenu musicien. Leur différents choix de vie les empêchèrent de continuer main dans la main et c'est ainsi qu'Elsa perdit son premier amour.
Ce n'est pourtant pas ce qui empêcha la jeune femme de se trouver d'autre copain par la suite, parfois ce n'était qu'une question de sexe, autrefois il arrivait qu'elle ait des sentiments... Mais elle était continuellement insatisfaite de ses relations.
Lassée des gens, elle partait souvent en forêt, troquant ses fringues par une fourrure duveteuse.
Habitude qui la guida directement jusqu'à cet œuf... Blanc comme neige. Il remuait faiblement, quand elle lui assena un petit coup de museau, faisant rouler la petite chose et l'agitant soudainement. Le craquement sinistre qui suivit, lui indiqua que l'animal était sur le point de montrer le bout de sa queue et quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'une truffe vint se coller à la sienne. Un fennec, aussi blanc que l'oeuf dont il venait de s'extirper, se dressa face à la louve. Plutôt étonnée, Elsa ne put réagir sur l'instant jusqu'à ce que l'animal s'amuse à lui mordiller la truffe. Acte qui déplut fortement à la louve, mais qui à force de chamaillerie finit par apprécier la présence du petit animal à ses côtés. Mais lorsqu'elle se décida à rentrer chez elle, le petit canidé immaculé déroba dans une légère accélération les affaires de la métamorphe.
Agacée et surtout résignée, Elsa commença à traquer le malin petit fennec. Dans sa course, elle s'égara longuement sur les hauteurs des montagnes, lorsque l'animal stoppa subitement la course poursuite.
Satisfaite de l'avoir finalement cerné, Elsa ne remarqua immédiatement qu'un changement s'est opéré autour d'elle.... Jusqu'à ce le petit fennec déposa ses affaires sur le sol avant de japper.
C'est alors que ses sens s'éveillèrent et perdirent complètement les repères de sa si belle forêt pour laisser place à un lieu parfaitement inconnu.
Reprenant enfin forme humaine, Elsa se rhabilla, avant de filer un petit coup sur le museau du fennec.
« Où est ce que tu m'as attirée petit microbe.. ? Allez ramène-toi. »